Ces gens qui courent et qui marchent au pas, où vont-ils ?

                                                                             Axel Red 

Ce que nous prenons pour une action est la plupart du temps une réaction à une pensée, une émotion ou un ressenti corporel. Agir consciemment signifie que notre attention et notre conscience accompagnent volontairement notre mouvement ou notre pensée*. Quand notre attention est ailleurs, nous agissons comme des automates. L’attention subit de nombreuses influences, sa maîtrise est capitale pour que nous retrouvions notre liberté d’action. C’est l’un des objectifs de la médiation, identifier ces influences pour ne plus en être le jouet.

* La pensée est considérée comme une action mentale 2 Exemple, je pense que je me dirige vers le frigo ou j’imagine que je fais un mouvement avec le bras, c’est une action mentale.

Lutte d’influence

Qu’est-ce qui attire ou influence mon attention ? L’environnement extérieur, mes pensées, mes émotions, mon corps. Si je suis en train d’effectuer un travail intellectuel, de naviguer sur internet ou bien de pratiquer le Qi Gong, à chaque instant mon attention est attirée par une chose ou une autre et à cause de cela je perds le fil de mes pensées, j’oublie l’objet de mes recherches ou j’effectue des mouvements machinalement. Quand mon esprit est ailleurs, j’erre sans but, passant d’une pensée à une autre ou d’une action à une autre.

En retrouvant la maîtrise de l’attention, et en la dirigeant consciemment vers ce qui est important à nos yeux, nous nous donnons la possibilité de faire les bons choix d’actions, d’instant en instant.

Exemple : Un ami est en train de me parler, je l’écoute, voilà ce qui est important à mes yeux à cet instant. Dans le même temps, mon attention qui vagabonde est attirée par mon portable sur la table. Je prends conscience de l’envie de le consulter machinalement. Je perçois l’influence mais je n’y réponds pas. Ensuite, ce que dit mon ami me rappelle une altercation avec un collègue. Je me remémore la scène, des émotions refont surface en moi. Zut j’ai encore perdu le fil de la conversation. J’en prends note et je reviens à l’écoute. L’envie de répondre devient trop forte, lorsque j’ en prends conscience, il est trop tard, j’ai déjà coupé la parole à mon interlocuteur.

D’après Stanislas Dehaene, La conscience n’a aucune influence causale sur ce qui se passe (…) il se peut qu’elle ne serve qu’à nous informer d’un choix qui a déjà été fait dans les « profondeurs » de notre cerveau (…) notre conscience subit des décisions qui sont comme le sommet de l’iceberg, qui sont issues des profondeurs de nos circuits non conscients.1 Cela voudrais dire que nous croyons faire des choix d’actions en toute liberté mais qu’en réalité ce n’est pas le cas ?

Exercice :

  • Pendant la journée, exercez-vous à repérer les moments où votre attention n’est plus à ce que vous êtes en train de faire. Ramenez-là gentiment à ce que vous faites. Prenez note mentalement de ce qui a dispersé votre attention (pensées, émotions, ressentis corporel, évènements qui se sont produits dans votre environnement)
  • Pendant une semaine, décidez de prendre 2 minutes pour ne rien faire, tous les jours à la même heure (si possible). Observez ce qui se passe juste avant et pendant l’exercice, notez vos pensées, émotions, ressentis corporel, évènements qui se sont produits dans votre environnement).

Les pensées du cerveau

Plus une information circule dans notre tête plus elle se grave dans nos connexions nerveuses, ces chemins non conscients sont le terreau sur lequel fleurissent nos pensées (Cécile Deanjean 1). De quelles pensées parle-t-on ?

Les «  pensées de notre cerveau » issues de l’activité de nos neurones, c’est-à-dire, toutes les pensées involontaires, les ruminations, les pensées qui tournent en boucle, les images de notre passé qui nous reviennent à l’esprit, les scènes de notre journée de travail que nous rejouons, qu’elles soient agréables ou désagréables, les ressentiments, les pensées qui nous permettent de gérer le quotidien (faire ma liste de courses, qu’est-ce que je vais faire à manger, je dois aller chercher les enfants à l’école, surtout arriver à l’heure, faire les comptes…). Toutes ces pensées, nous aimerions les faire taire pour trouver la paix, quand nous méditons ou bien quand nous ne faisons rien. En mode « pilote automatique », nos actions prennent leur source dans ce type de pensées : une pensée me traverse l’esprit et avant même que je m’en rende compte je suis déjà en pleine action. Souvent, nous n’avons même pas conscience qu’une pensée ou une émotion est à l’origine de notre action. Entre le moment où nous sommes en train de travailler à notre bureau et le moment où nous sortons quelque chose à grignoter du frigo, il y a eu des pensées et des conflits intérieurs. D’un autre côté, les automatismes et les habitudes ont parfois du bon, si nous sommes experts dans un domaine ou simplement pour tous nos apprentissages (conduire, lire, marcher, pratiquer un sport, jouer d’un instrument de musique etc.)

Nos « neurones » nous dirigent la plupart du temps, pour le meilleur ou pour le pire mais « nous avons une marge de liberté, nous pouvons influencer les mécanismes de notre cerveau » Matthieu Ricard 1

Exercice :

Prenez conscience des moments où vous agissez en mode « pilote automatique ». Quel a été le résultat ?  Identifiez ce qui déclenche ce mode “pilote automatique”.  Un objet qui traine peut déclencher une réaction automatique de rangement, une émotion, une pensée, le comportement d’une personne peuvent être des éléments déclencheurs.

L’objectif de ce travail est d’apprendre à percevoir les pensées ou les émotions avant même qu’elles n’engendrent des réactions automatiques.

C André : « Plus je prends conscience de ce qui est en train de se passer en moi, plus je prends conscience de la manière dont je suis en train de vivre mon expérience, plus j’augmente ma liberté » (…) Dès 1992 on a eu les premières études montrant que la psychothérapie modifiait la dynamique fonctionnelle cérébrale, pour la première fois on montrait que des efforts purement psychologiques et comportementaux, modifiaient le fonctionnement d’un organe, le cerveau.  La méditation fait exactement pareil 1

La méditation développe notre conscience du « moment présent », c’est essentiel car c’est là que se trouve notre espace de liberté. C’est dans cet instant que tout se joue et  que nous pouvons choisir d’agir librement et consciemment.

Sources et bibliographie

Sources et bibliographie.

1 Déchiffrer la conscience de Cécile Deanjean, Arte

2 Le cerveau funambule, Jean-Philippe Lachaux

Cerveau et méditation (le chapitre sur la conscience), Matthieu Ricard et Wolf Singer

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