Force de vie
La force de vie s’exprime de multiples façons. Elle crée des galaxies, des systèmes solaires, des étoiles, des planètes. Elle déplace des continents, elle jaillit au cœur du volcan qui surgit des profondeurs de la mer. Elle crée l’îlot qui accueille la vie. Par les micro-organismes, elle transforme la lave durcie en terreau fertile. Elle apporte la vie par le vent qui transporte les graines, par les oiseaux qui viennent nicher, par les petits animaux qui arrivent par la mer, sur des radeaux de fortune, par les arbres qui poussent, par les chauves-souris qui permettent à la forêt naissante de devenir vierge. Elle s’exprime aussi par les hommes qui défrichent la forêt et par l’érosion qui fait table rase pour mieux recommencer.
Les désirs sont notre carburant.
A l’origine de nos désirs, il y a la vie qui nous poussent à, manger, survivre, nous approprier, nous battre, bouger, jouer, avoir une relation sexuelle, bâtir, apprendre, progresser, donner, transmettre, créer, dessiner, peindre, écrire, composer un morceau de musique, nous élever spirituellement…Quand cette force de vie s’exprime naturellement, nous ressentons du plaisir ou de la joie selon les cas. Nous mémorisons ce moment comme agréable, nous voulons le reproduire, encore et encore, pour éprouver le même plaisir et le faire durer. C’est une illusion bien sûr. Le désir se dérègle quand la pensée intervient, elle nous « dit » que nous devrions faire ceci ou cela pour retrouver cette sensation agréable que nous avons éprouvée. C’était tellement génial que nous voudrions que cela dure toujours. La pensée fait des plans pour trouver de nouvelles sources de plaisir, nos désirs font marcher notre imagination à plein régime. Dans nos rêves éveillés, nous gagnons au loto, nous devenons quelqu’un d’important, nous avons une plus grosse voiture, nous gagnons plus d’argent, nous sortons avec l’homme ou la femme de nos rêves, nous possédons le dernier portable à la mode…Les désirs n’ont pas de limite.
Les désirs et l’attention
Le premier état d’esprit qui nous empêche d’être présents est le désir. Notre attention se fixe sur quelque chose d’agréable : une personne qui nous attire, un objet que nous aimerions acheter ou consommer, une expérience plaisante que nous voudrions vivre. Cette fixation commence alors à modifier toute notre perception de la réalité. 1
Notre attention est sans cesse sollicitée par des publicités, en ville ou sur le web. Son objectif est de déclencher l’acte d’achat. En quoi est-ce un problème ? La publicité stimule excessivement nos désirs mais surtout elle perturbe notre attention. Nous prenons l’habitude de zapper et nous n’arrivons plus à maintenir notre attention sur ce qui est réellement important, par exemple, développer une pensée ou accorder de l’attention à quelqu’un qui nous parle.
Pourquoi notre perception est-elle modifiée ? Nos pensées, envahies par les désirs et les émotions qui les accompagnent, forment un voile entre nous et la réalité. Nous ne voyons plus les choses ou les êtres humains pour ce qu’ils sont vraiment mais nous les percevons comme des objets désirables ou indésirables. Désirables pour ce qu’ils pourraient nous apporter (dans nos croyances) ou indésirables pour des raisons opposées (je crois qu’ils ne peuvent rien m’apporter). Nous pensons : « Si je possédais telle chose ou si je pouvais vivre avec un tel, je serai heureux » ou bien : « Si je suis malheureux ou en colère c’est parce que je ne peux avoir telle chose, tel travail ou telle personne à mes côtés ». Nous ne pouvons pas avoir tout ce que nous désirons, d’où notre souffrance.
Que pouvons-nous faire ? La réorientation de notre vie se produit quand nous réalisons qu’un désir en appelle un autre et que nous nous épuisons à vouloir tous les satisfaire, en pensant qu’ils nous apporteront le bonheur. En réalité, ce que nous cherchons, par le biais des désirs, est ailleurs.
Désirs et recherche spirituelle.
Les personnes qui cheminent sur une voie spirituelle ont tendance à penser que les désirs et les plaisirs sont là pour nous égarer et qu’il nous faut donc y renoncer. Il est vrai que les désirs, comme la force de gravité, nous enchainent à la « Matière », cependant nos désirs évoluent avec la maturité. Quand nous prenons conscience que « le trop de tout » ne nous comble pas vraiment alors nous pouvons envisager de désirer une vie plus simple, plus saine. Une vie consacrée à notre élévation spirituelle et celle de ceux qui nous entourent, une vie ou nous pourrions être utiles aux autres.
Quand nous trouvons enfin notre place et un sens à notre vie, le désir devient presque inutile, les choses arrivent tout simplement et le plaisir se transforme en joie intense. Nous sommes enfin comblés et satisfaits d’avoir tout ce que notre cœur désire, sans même le demander.
Exercice de Martin Aylward 1
Comment aborder le désir quand il se présente ?
Nous pouvons déjà apprendre à le reconnaître. Puis nous pouvons l’étudier sous le microscope de notre attention méditative. Etudier le désir c’est lâcher prise vis-à-vis des objets de désir pour observer et ressentir le désir en lui-même. Il s’agit de s’orienter vers le ressenti immédiat du désir plutôt que d’alimenter les pensées sur « ce que je veux », « ce que je pourrais obtenir »…
Comment est-il alors, ce sentiment de désir en vous ? Quelles sensations laisse-t-il dans votre corps ? Si vous regardez de près, vous pourrez peut-être ressentir de la chaleur, une certaine tension, une vision qui se rétrécit pour se focaliser sur l’objet du désir. Vous pouvez expérimenter cela en méditation, quand votre attention est attirée vers un ailleurs, que vous désirez quelque chose (par exemple, le moment où la cloche sonnera la fin de la méditation !). Vous pouvez aussi pratiquer à tout moment de la journée, par exemple lorsque votre attention est attirée par une publicité, par quelqu’un d’attirant, par les délicieuses pâtisseries dans la vitrine de la boulangerie…
Conseils de lecture
1 Tout le monde peut méditer et Ne te quitte pas de Martin Aylward, édition Les Arènes